Mythe et réalité du rien à cacher et de la gratuité à l’ère de la démocratie numérique

Les mouvements autour de « l’open » (open society, open access, open software, open hardware, open data, open biology…) reposent sur le partage, la transparence et la gratuité. Nous nous proposons de mettre en lumière, avec un regard critique, les faces sombres de la transparence et de la gratuité. Nous souhaitons d’une part, alerter sur la nécessité de maîtriser ses données. Et d’autre part, éclairer un aspect de la gratuité que nombre de concitoyens ne voient pas.

Pourquoi faut-il se soucier de maîtriser ses données ?

Pour justifier le fait de ne pas se préoccuper des informations personnelles que l’on échange par messagerie, sur les réseaux sociaux ou à travers divers formulaires, on a l’habitude d’entendre l’argument « Je n’ai rien a caché ». Cette vidéo (20 mn) explique pourquoi, même si l’on a « rien à cacher », il vaut mieux être attentif aux informations que l’on donne. L’article de Laurent Chemla donne également un éclairage intéressant en reposant la problématique. Plus que protéger sa vie privée, il s’agit (surtout) de protéger la vie privée des autres. D’autres liens intéressants .
S’il est déjà appréciable de se soucier de ses données personnelles, il faut aussi être conscient de certains enjeux du « big data » quant à la vie privée. En effet, si certaines informations prises isolément ne semblent pas être sources de danger pour le respect de sa vie privée, il en va tout autrement lorsque ces informations, dîtes à signaux faibles, sont moissonnées, agrégées entre elles et font l’objet de traitements automatiques informatisés.
Il est également important de souligner, qu’en plus des informations volontairement données, il y a toutes celles qui sont récupérées à notre insu. C’est par exemple le cas des captations vidéos sur la voie publique ou à l’intérieur de locaux. Cette autre vidéo, nous montre que la technologie de reconnaissance des visages puis de tracking et de profilage de clients fait dors et déjà, l’objet d’offres commerciales (en Asie) à destination des grandes enseignes.

« Le mythe de la gratuité » va souvent de pair avec le « on a rien à cacher ».

Le prix de la gratuité ?

Si le coût en argent d’un service pour un individu est nul c’est, soit parce ce que d’autres payent à notre place, soit que l’on offre une contrepartie non monétaire.
Une up conférence titrait « La gratuité a-t-elle un prix ?». La réponse, in fine était affirmative.
La contre-partie non monétaire est peu connue du grand public ou négligée, car à tort ou à raison, elle est considérée comme d’un coût inférieur au service dont on bénéficie.
Il faut pourtant garder en tête que les services « offerts » tels que moteur de recherche, messagerie, applications diverses…. le sont par de grandes entreprises majoritairement américaines (Google & co) à vocation commerciales. Il ne s’agit pas d’altruisme mais de « business » La plus grande partie de leurs recettes provient soit de la publicité [qui promeut la consommation et le toujours plus] soit de la vente des données collectés [pour profiler et cibler les consommateurs et/ou contribuer à un fichage global].
Pour les promoteurs plus du partage et de l’échange que de la gratuité ; Ceux qui se refusent à vendre les données à caractère personnel, c’est toute la problématique du modèle économique (évoqué par Etienne Haye) à trouver, face à des acteurs « gratuits », qui est posé.

Alors, faut-il arrêter d’utiliser Internet ? Tel n’est pas l’objet de cet article. Nous vous invitons plutôt à apprécier le prix réel des choses et à découvrir les enjeux d’Internet & du réseau dans nos démocraties, notamment en visionnant la conférence (2h) de Benjamin Bayard. D’éventuels lecteurs intéressés par la politique en tant qu’organisation de communautés humaines apprécieront la réponse (en 1:18) à la question du devenir du réseau. « Un parti politique aujourd’hui qui ne réfléchit pas aux impacts qu’a le réseau sur la société est un parti qui réfléchi aux questions du siècle dernier. » « [..] un des enjeux politique majeur du XXIe siècle. »
Ces mêmes lecteurs pourraient aussi jeter un coup d’oeil du côté de la notion des communs, expliciter par David Bolier, notamment dans son ouvrage sur « La renaissance des communs » et une interview donné à un site d’information indépendant sur l’actualité sociale et environnementale.

Le 23/04/2014,
Mis à jour le 7/01/2015
CD

1 Commentaire

  1. cyril (Auteur de l'article)

    La quatrième édition du Guide d’autodéfense numérique a été publiée le 17 janv. 2017. Si ce n’est déjà fait, n’hésitez pas à lire ces 2 tomes et à diffuser l’information. Librement téléchargeable à partir de https://guide.boum.org/news/quatrieme_edition/ .

    Bonne lecture !

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