Depuis les années 1970, le système économique actuel donne des signes de fatigue. 2007 a été le marqueur d’une dégradation plus poussée du système. Née au début de notre décennie, « l’économie collaborative » en partie basée sur la « gratuité » semble croire qu’elle peut prendre le relaiide l’économie de marché.
Qu’est-ce que l’économie de marché ? Que serait l’économie de la gratuité dont certains prônent l’avènement ?
L’économie de marché
Dans le cadre de l’économie de marché traditionnel, les choses étaient relativement simples. En échange d’X temps nécessaire à la réalisation d’un produit, les travailleurs se voyaient payer la somme Y. Différentes variables comme le produit réalisé, les compétences du producteur, le matériel ou les ressources utilisés, l’état de l’offre par rapport à la demande … venaient compliquer un peu l’équation. Mais, globalement, nous étions en terrain connu pour fixer un prix. Ainsi, si Paul a besoin d’un produit ou d’un service qu’il ne sait pas, ne veut pas ou ne peut pas réaliser. Il demande à Jacques de le lui fournir. Deux hypothèses :
Sur la base d’une relation commerciale
Dans une relation commerciale classique, ils se mettent d’accord sur un prix. Et, en échange de sa prestation, Paul verse à Jacques une somme d’argent. Une partie de la transaction sera taxée. Les revenus dégagés par le travail feront également l’objet d’un prélèvement. In fine, l’impôt alimentera les recettes de l’État. Ces recettes permettront de financer les infrastructures du pays, le système de santé, l’assurance chômage, l’ensemble des services de l’État… Un cercle vertueux donc (au moins en théorie).
En cas de relation non marchande
Dans une relation non marchande, Jacques peut offrir ce que Paul lui demande ou décider de troquer une chose contre une autre. Nous ne sommes plus dans l’économie de marché…
Pour que le système capitaliste fonctionne, c’est l’hypothèse de la relation commerciale qui doit être majoritaire. Qu’arriverait-il si, dans un contexte économique dit de crise, la « gratuité » devenait le principe ? Pour envisager cette éventualité, il faut d’abord tenter d’expliquer ce qu’on entends par économie de la « gratuité ».
L’économie de la « gratuité » dans le système actuel
Deux articles dans Wikipedia définissent la gratuité. En apparence, la même chose, pourtant dans l’un, il est question d’absence de contrepartie financière. Dans l’autre, on parle « d’AUCUNE » contrepartie. Il y a gratuité et … gratuité.
Acteur majeur du système capitaliste, les entreprises doivent, pour survivre, gagner de l’argent. Pourtant, certaines basent leur modèle sur la « gratuité ». Deux cas de figures, bien distincts – l’hébergeur « gratuit » ou « discount » et l’entreprise open-source – sont développés ci-dessous pour tenter d’expliquer cette « cohabitation contre nature ». Dans aucun des cas présentés, il n’y a de gratuité au sens d’absence de contre-parties.
L’hébergement « gratuit » de ses données sur un serveur
Sur le papier, il existe des offres commerciales « gratuites » pour héberger ses données. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une part, d’une offre limitée à une certaine quantité d’espace disques. D’autre part, il y a souvent un risque élevé que les données personnelles d’enregistrement aux services d’hébergement soient revendues ultérieurement.
Lorsqu’on lit les CGU (conditions générales d’utilisation), on découvre que ces plate-formes sont hébergées dans des paradis fiscaux. Trois conséquences directes. Il peut être compliqué en cas de problème (notamment lié à la sécurisation des données hébergées) de faire valoir ses droits. Le mécanisme de « l’optimisation fiscale » entraîne un manque à gagner pour les Etats. Il est impossible de lancer des offres économiquement viables concurrentes.
Les entreprises libres et open source ?
Le modèle repose sur :
- les contributions d’une communauté composée de bénévoles (participants pour le fun, la renommée, l’enrichissement personnel…)
- la mutualisation des coûts grâce à l’association de (parfois) grands groupes pour diminuer la maintenance liée aux développements logiciels
- l’achat de services annexes (formation, hébergement…)
Dans ce modèle, l’évaluation de la contribution (s’il y a lieu) peut poser des difficultés pratiques. Comment veiller à ce que les efforts bénévoles des membres d’une communauté ne soient pas captés par quelques-uns ? C’est tout l’enjeu des règles de gouvernance mise en place pour faire fonctionner les communautés existantes.
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En cette période difficile pour le système capitaliste productiviste, il nous semble que c’est moins la gratuité que des prix low cost qui remettent en cause les équilibres du système.
CD
Le 6/10/2014
Un documentaire passé sur la Cinq le 30/10/2016 concernant le gratuit :
http://pluzz.francetv.fr/videos/quand_c_est_gratuit_qui_paye.html