« Information literacy, information skills, culture informationnelle, les termes ne manquent pas, qui prétendent aujourd’hui définir et explorer le domaine de la maîtrise de l’information. Cette abondance de vocabulaires et les notions qu’ils recouvrent montrent aussi – et surtout – à quel point l’information est devenue un enjeu prioritaire en ce début de XXIe siècle.
L’information est partout, accessible non plus seulement via les médias traditionnels, bien connus des professionnels de l’information, mais aussi via les réseaux sociaux, les blogs, les communautés d’utilisateurs sur Internet, etc. Elle est disséminée et protéiforme, combinant parfois textes, sons et images. Cette apparente facilité d’accès et cette profusion masquent un besoin grandissant d’outils et de méthodes pour maîtriser la collecte et la gestion de l’information utile. » p 14 du référenciel des compétences informationnelles (ADBU)
Nous mettrons en perspective la révolution du tout numérique avec de précédentes révolutions informationnelles avant de véritablement nous interroger sur ce que signifierait maîtriser l’information aujourd’hui.
1. Perspective historique sur l’information et ses supports
Comment maîtriser le présent si l’on ignore le passé ?
Impossible de résumer des millénaires d’histoire en quelques lignes mais, peut-être qu’un bref survol de certaines inventions permettra de mieux percevoir un peu du chemin parcouru depuis notre entrée dans l’ère numérique. L’homme est un animal grégaire. Il lui faut communiquer, s’informer, échanger. Pas de civilisation sans transmission d’informations.
1.1 De l’écriture à l’imprimé
-3500 avant J-C, Mésopotamie, l’écriture apparaît sur des tablettes d’argile. Fille de l’agriculture et de la comptabilité, elle permet « l’échange d’informations sans utiliser la voix ». Elle marque l’entrée de l’humanité dans l’Histoire. [cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89criture]
Apparu vraisemblablement au début de notre ère, le codex va progressivement se substituer au volumen. Moins encombrant, plus économique puisqu’il est possible d’écrire sur les deux faces, il permet le feuilletage de l’information alors que, jusque-là, le volumen obligeait à une lecture séquentielle des textes placés les uns en dessous des autres. Le codex pouvant se poser, il a libéré la main du lecteur qui a pu à son tour écrire, annoter le texte. D’autres inventions comme la table des matières, l’index… permirent de naviguer dans le texte et de trouver plus facilement les informations recherchées.
XVe siècle, Gutenberg révolutionne l’écrit avec l’imprimerie. L’information, « ce qui donne une forme à l’esprit » va voir son volume et sa diffusion encore sensiblement augmenter. Une doctrine, le protestantisme va pleinement profiter de cette invention née en fait quelques siècles plutôt en Chine. Diffuser plus largement les idées de Luther et Calvin vont donner naissance à un vaste mouvement, celui de la Réforme qui entraînera elle-même une contre-réforme. La société féodale, basée sur une hiérarchie de suzerains et de vassaux avec des liens personnels entre eux, ne le savait pas encore mais ses jours étaient comptés. Une classe sociale, la bourgeoisie acquise aux idées du travail individuel, du mérite personnel et de l’esprit d’entreprise véhiculés par le protestantisme, va progressivement prendre le pouvoir et mettre en place la société capitaliste. Celle-ci est en partie fondée sur la production industrielle qui permet l’accumulation de biens et de richesses.
1.2 L’informatique et le numérique
Milieu du XXe siècle, l’informatique commence à faire parler d’elle. Le bit (0 ou 1) va être la pierre angulaire du traitement automatique de l’information. Après l’invention du transistor, les progrès en micro-informatique sont de plus en plus rapides.
1989, chute du mur de Berlin & avènement du world wide web (www). L’ère numérique « pour tous » se déploie. 2013, l’informatique est omniprésente dans les entreprises, les institutions, chez les particuliers et dans la rue. Nos objets et pas seulement les téléphones portables deviennent/deviendront aux dires de certains analystes massivement communicants dans un environnement mondialisé.
Quels changements dans la société cela entraîne/entraînera-t-il ? Quel impact pour ceux qui ne savent pas maîtriser l’information ? Questions intéressantes mais auxquelles nous nous garderons bien de répondre. Nous préférerons nous interroger sur la question pragmatique de ce que signifie maîtriser l’information dans la société de l’information et du big data ?
2. Maîtriser l’information ?
D’abord quelques définitions avant de proposer quelques pistes pour un contenu de formations sur « la maîtrise de l’information ».
2.1 Quelques définitions
Les mots ont un sens. Maîtriser n’est pas contrôler et information n’est pas le synonyme de communication.
Le contrôle renvoie à l’image de l’Etat policier ou du contrôleur vérifiant que l’usager a bien validé son ticket dans les transports en commun. La maîtrise implique un certain savoir faire, une aisance dans l’appropriation des connaissances qui tient à la mise en relation d’informations entre elles pour faire sens.
L’information, c’est le message et les symboles pour l’écrire. De plus en plus souvent codé dans un format numérique, elle prend alors la forme d’un fichier hébergé quelque part sur un ou plusieurs supports informatiques. On continue néanmoins de retrouver d’« anciennes » formes de l’information. L’oral, l’imprimé, l’analogique coexistent. La communication, c’est quand les informations parfois simples signaux s’échangent entre émetteur et récepteur.
2.2 Différents niveaux de maîtrise
2.2.1 Maîtriser les fondamentaux ?
Par fondamentaux, nous entendons les techniques de création, recherche, traitement, destruction et archivage de l’information. C’est à dire finalement la connaissance du cycle du document et de l’histoire de l’écriture. Cela implique de :
- Savoir créer des documents bien structurés.
- Savoir rechercher les informations pour éviter de créer des documents inutiles ou pour bien documenter son contenu.
- Traiter correctement ses informations afin d’être capable de la retrouver facilement et rapidement.
- Savoir supprimer l’information devenue inutile pour éviter le « bruit documentaire ».
- Maîtriser sur la durée l’information en sachant quoi archiver pendant combien de temps.
2.2.2 Maîtriser l’outil informatique de traitement de l’information?
L’outil informatique renvoie au matériel (hardware) et au logiciel (software).
2.2.2.1 D’un point de vue matériel
- Connaître suffisamment l’équipement utilisé pour savoir pourquoi et comment ça marche (ou pas).
- Maîtriser l’accès aux informations en fonction de degrés d’habilitation.
- Maîtriser le support où se trouve l’information. (// débats sur le cloud et le coût du stockage numérique)
- Sauvegarder les données sur au moins deux supports distincts
- Si des documents doivent être archivés dans la durée, les conserver sur bande magnétiques. Cf. Documentaire Nos ordinateurs ont ils la mémoire courte.
2.2.2.2 D’un point de vue logiciel
- Maîtriser le code du logiciel. (// enjeux des logiciels open source)
- Utiliser le meilleur outil en fonction de ses besoins.
- Maîtriser les principales fonctionnalités de l’outil.
- Utiliser des formats ouverts (et pas propriétaires)
- Savoir migrer ses données avant de ne plus être capable de les lire.
2.2.3 Maîtriser ses données et … celles des autres ?
Concerne plus particulièrement les données à caractère personnel et données publiques (enjeux de l’open data). Nous recommandons notamment la lecture de http://www.controle-tes-donnees.net/.
La clé du succès : un mixte de la maîtrise des fondamentaux et des outils informatiques utilisés.
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A la vue de l’immensité du périmètre de ce que peut impliquer la maîtrise de l’information, force est de se demander s’il est encore possible pour un seul individu de véritablement maîtriser l’information. Nul doute néanmoins, qu’on peut s’y essayer et recourir à un professionnel de l’information-communication s’avérera un moyen pour gagner du temps dans cette quête.
Le 11/11/2013
Mise à jour le 16/12/2015
Cyril Desmidt